Le 10ème rapport de l’Agence européenne pour l’environnement relatif à la qualité de l’air au sein de l’Union a été publié en ce mois de novembre 2020. Il dresse un état des lieux de l’évolution globale des émissions polluantes, liste les principales sources de ces rejets et annonce les réformes réglementaires à venir.
Les conclusions de ce rapport se révèlent en demi-teinte.
Si le niveau global de pollution connait une tendance à la baisse, la pente de cette décroissance demeure trop faible pour significativement réduire les effets sanitaires de la mauvaise qualité de l’air actuelle.
Les impacts sanitaires tels que reconnus par l’AEE restent alarmants, pour un chiffre estimé à 400 000 décès prématurés par an, principalement dans les zones urbaines.
La pollution de l’air génère en outre une réduction non négligeable de l’espérance de vie, un frein à la productivité ainsi qu’un surplus de frais médicaux représentant des impacts économiques que l’Agence juge « considérables ».
A cela s’ajoute les conséquences d’un air ambiant pollué sur la faune et la flore. Là où les émissions d’ozone provoquent une baisse de rendement des végétaux (mis en culture ou sauvages), les rejets de composés azotés (NOx et ammoniac) induisent une eutrophisation de certains milieux et, ainsi, une réduction de la biodiversité locale.
Sur ces constats, l’AEE dresse une liste des premiers responsables de ces effets ainsi que les catégories de personnes les plus touchées.
Il ressort en effet du rapport que les polluants atmosphériques majeurs demeurent le dioxyde d’azote (NO2), les particules fines (PM10, PM2.5) et l’ozone (O3).
Les sources de ces substances sont identifiées comme étant, dans l’ordre décroissant : les transports (routiers et non-routiers) ; les activités résidentielles, commerciales et institutionnelles ; la fourniture d’énergie ; les activités industrielles (manufacture et extraction) ; l’agriculture et, enfin, la gestion des déchets.
Les dégâts sanitaires causés par la pollution atmosphérique générée par ces activités sont principalement subis par les milieux socio-économiques modestes, les personnes âgées, les enfants ainsi que les individus affectés par une pathologie préexistante.
Enfin, l’AEE nous indique que ce bilan amènerait la Commission européenne à proposer une réforme des seuils réglementaires définis au niveau de l’Union, ce afin qu’ils s’alignent sur les recommandations sanitaires de l’OMS.
Pour rappel, il a été démontré par plusieurs études récentes que le respect des seuils réglementaires actuels, inchangés depuis plus de 10 ans, n’induirait qu’une baisse négligeable des effets délétères de la pollution de l’air. Seule l’atteinte des concentrations maximales déterminées par l’OMS générerait des effets acceptables sur la santé, sachant que ces derniers sont en passe d’être révisés – vraisemblablement pour devenir plus stricts – en 2021.
Le rapport est disponible (en anglais) ici.